Grégory Planet : « La blessure est un mode d’expression »

Grégory Planet, un ostéopathe valentinois, propose une approche novatrice de la blessure. Pour ce dernier, il n’y a pas de fatalité dans ce domaine, pour peu que l’on sache s’écouter.

Qui n’a jamais entendu dire, ou s’est dit à lui-même, devant les incroyables performances d’un champion : « c’est une machine ! » Du reste, il n’y a pas que les commentaires admiratifs des spectateurs médusés pour oser cette comparaison mécanique. La médecine elle-même a longtemps considéré le corps humain comme une machine. Une machine compliquée, certes, mais un mécanisme qui, pour peu que l’on appuie sur le bon bouton, livrera la bonne réponse. Toutefois, depuis quelques temps maintenant, assiste-t-on à ce que l’on appelle un changement de paradigme. Certains thérapeutes veulent penser autrement homo sapiens, surtout si celui-ci enchaîne les kilomètres sur route ou la D+ en pleine montagne.

Un système complexe

Grégory Planet, ostéopathe (et bien plus), incarne à merveille cette nouvelle génération de thérapeutes. Il compte parmi ses patients Dylan Rocher, champion du monde de pétanque ; Hugo Métifiot, chance de médaille française en judo au prochain JO ; et un certain Benoît Girondel, double vainqueur de la diagonale des fous. Et n’allez pas parler de machine, ni même de blessure à Grégory. « Le corps d’un sportif n’est pas une machine, martèle-t-il, un Airbus oui ! Et pour un Airbus, quelqu’un qui connaît son fonctionnement, aussi compliqué soit-il, trouvera et pourra réparer une panne. Un corps humain, c’est différent. C’est un système, un système complexe. »

Penser de façon globale

Il coupe les cheveux en quatre, Grégory, enfonce des portes ouvertes ? Pas si sûr. Car si ce discours diffuse depuis quelque temps déjà dans le milieu sportif, force est de reconnaître « qu’aujourd’hui encore on pense la blessure de manière analytique, déplore-t-il. C’est à dire que sur un problème de tendon par exemple, on va se pencher sur la structure où se trouve la blessure. C’est très local. On va chercher la solution au problème, là où se trouve le symptôme. Or, je veux penser la pathologie de façon globale. » Du reste, son cabinet se nomme Global thinking. « Lorsque j’aborde une blessure, je ne m’intéresse pas uniquement à son emplacement, mais dans quels enjeux elle émerge. Je veux comprendre les phénomènes émergeant. Car la blessure est d’abord un mode d’expression. »

Avoir une sortie référence

Certes, mais une expression dont le coureur se passerait volontiers. Comment donc parvenir à museler tendinite, périostite, pubalgie et autre fracture de fatigue ? Eh bien justement, en les écoutant ! Parce qu’avant la blessure, il y a les gènes. « Le corps nous informe de beaucoup de choses, avant la pathologie, explique Grégory, c’est ce que l’on appelle les prodromes (symptôme de début d’une maladie, annonçant une crise aiguë). Mais, pour pouvoir l’entendre, encore faut-il avoir un solide référentiel-sensation. » Quesaco, un référentiel-sensation ? « Chaque coureur devrait avoir en tête une sortie référence, une sortie où tout va bien. Une sortie faite sans objectif précis, sans chrono ni séance. Une sortie simplement à l’écoute de son corps, durant laquelle il se sent parfaitement aligné. Il faut alors être très attentif, et garder en mémoire les sensations de cette sortie. C’est à partir des sensations mémorisées de cette sortie référence, que le coureur pourra sentir lorsqu’il se désaligne. Et il devrait le sentir rien qu’en posant le pied au sol. Prévenir la blessure, c’est ça. Être attentif à son référentiel-sensation. Ainsi, on ne combat plus la douleur, on l’utilise. C’est un fléchage. »

Draineur de tensions

Est-ce à dire que le thérapeute ne sert à rien ? C’est peut-être là où l’approche de Grégory Pla- net se distingue véritablement. « Dès que le coureur sent qu’il se désaligne, il faut consulter. C’est le signal. Et le thérapeute vient drainer. Voilà où la complexité du système, dont nous parlions au début, entre en jeu. Il faut alors croiser les infos de l’ostéopathe et le ressenti du coureur, qui se connaît grâce a ses sensations de références. Voilà l’émergence de la complexité au service du ressenti du patient. En consultation, le corps du coureur va dire au soignant où cela se désaligne. Et le soignant, de son côté, ressentira sur des endroits bien précis, une tension inhabituelle. Ainsi, on prévient la blessure. » Le soignant devient alors un draineur de tensions. « Le coureur vient me voir avec toute sa charge d’entraînement, charge cognitive, physique, émotionnelle qu’il a emmagasinée. Et cette charge, il faut qu’elle sorte. La plupart du temps, elle sort par l’activité sportive. Mais parfois, elle sort par la blessure. Quand le sport n’est pas assez draineur, le sportif se blesse. Je le répète, la blessure est un mode d’expression. »

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