chaussures carbone

Chaussures carbone : coup de pouce ou coup de pub ?

Ces «super chaussures» qui battent des records sur les grands marathons de la planète gagnent aussi les pelotons de nos courses sur route.

Produits vedettes des boutiques de running, le coureur amateur est un peu perdu devant ces modèles qui lui promettent de repousser ses limites… au prix fort.

La course à l’innovation technologique lancée par la marque Nike bat son plein, et les records sur marathon tombent à la vitesse grand V. Eliud Kipchogé, chaussé de la Nike Vaporfly, a brisé la barrière des deux heures au marathon en octobre 2019. Un record non-homologué, approché par le Kenyan Kelvin Kiptum, nouveau recordman du monde en 2h00min35s, à Chicago, le 8 octobre 2023. Avec aux pieds un prototype Nike Alphafly 3. Quinze jours auparavant, l’Éthiopienne Tigst Assefa remportait le marathon de Berlin en 2h11min 53 s, chaussée de la Adizero Adios Pro Evo 1( Adidas). Un modèle hyperléger (138 gr) mis en vente pour la modique somme de 500 €, rapidement en rupture de stock . Ces proto- types au design futuriste ont gagné les rayons des commerces de running à des coûts tout aussi astronomiques que les performances réalisées. Comptez 250 € à 300 € au bas mot pour acquérir une paire des ces merveilles.

Un concept novateur

L’innovation majeure de ces bijoux de technologie tient à un composant miracle : le carbone, ce matériau qui a révolutionné un par un tous les sports, vélo, voile, ski…. Et des mousses novatrices entre lesquelles s’insère une plaque de carbone qui donne de la rigidité à l’ensemble et une élasticité censée renvoyer de l’énergie. Ajoutez à cela, un poids plume qui descend allègrement sous les 200 gr, une aérodynamique optimisée qui vous propulse vers l’avant, un look futuriste… et vous voilà des ailes aux pieds.

Un pouvoir magique… mais éphémère

Revers de la médaille. Ces chaussures ont une durée de vie très limitée, car les mousses se déforment beaucoup, au bout de 100 à 200 km pour le top du top. La Nike perd déjà 50 % de ses qualités au bout de 50 km ! Sinon après 300 à 400 km maximum, le pouvoir magique s’envole : adieu le retour d’énergie et le carrosse de Cendrillon redevient citrouille ! Tout cela dépend évidemment de votre corpulence, de votre façon de courir et du sol sur lequel vous courez. Quoi qu’il en soit, les chaussures à plaque carbone ont une durée de vie nettement moins longue que leurs consœurs classiques. L’investissement en vaut-il le coût ?

Carbone ou not carbone ?

Telle est la question qui tarabuste le coureur amateur tenté de sauter le pas mais un peu perdu dans la jungle des ces nouveautés aux noms qui font rêver : Vaporfly, Hyperion, Rebellion, Endorphin… et au marketing aguicheur : « Vos transitions se fluidifient en douceur pour un déroulé du pied plus naturel afin d’optimiser votre dépense d’énergie et enchaîner les kilomètres à vive allure. » Sur le papier, elles sont révolutionnaires. Mais avant d’investir, c’est mieux de se faire conseiller. Par exemple par Hamid Sellami, gérant de la boutique Rrun, à Valence : « Chaque marque a son type de mousse et positionne la plaque carbone différemment selon les modèles. L’épaisseur de la semelle varie, de même sur l’incurvé des semelles. Je ne conseille pas les mêmes chaussures à tout le monde. »

Il poursuit, « Certains modèles ne conviennent pas à tous parce que leurs mousses légères et leur profilé très accentué les rendent assez instables. Pour gagner du poids, les chaussures de l’élite n’ont pas de carbone sous le talon, et réclament une excellente technique de course, avec une pose de pied sur l’avant. En revanche, il y a des modèles qui pardonnent beaucoup aux coureurs amateurs, comme la Kinvara pro de Saucony qui convient à 99 % des coureurs. Mais pour quelqu’un qui vise moins de 3 heures ou 2 h 30 au marathon, je conseille l’Endorphin Elite de Saucony, c’est la Ferrari ! » On peut se fier à l’avis d’un expert qui teste lui-même ses modèles, et détient un record personnel de 2h19’19’’ sur marathon… réalisé bien avant l’ère du carbone.

Retour sur expérience

Joseph Kerdo, 56 ans, président du Va- lence-Triathlon, a signé le 19 novembre 2023, un excellent chrono en 2h53 sur le marathon international de Deauville, et remporté le titre en catégorie M4. Un record personnel pulvérisé de 1 minute 30 au terme d’une fulgurante progression (3h35 à Paris en 2021, 3h12 à Nice en 2021, puis, chaussé de modèles carbone : 2h56 à Valencia en 2022 et 2h54 à Rotterdam en avril 2023). « J’ai été bien tout au long de la course sans subir de baisse de régime sur la fin. Avec mes Adizero Adios Pro 3 de chez Adidas, 211 g sur la balance, j’ai certainement gagné en performance sans perdre en confort, et avec une récupération nettement plus facile. Pour mon prochain marathon, aux JO 2024 à Paris, je ne sais pas encore quelles chaussures je vais utiliser mais ce sera probablement un nouveau modèle carbone pas encore sorti. »

Nicolas Zalejski, 34 ans, sociétaire du Macadam 07 et détenteur depuis 2019 du record du marathon Drôme-Ardèche (2h24’51 à Paris, puis 2h24’13’’ à Valencia en 2021) vient d’établir une nouvelle marque en 2h23’37’’ en décembre 2023, à Valencia. Equipé d’une paire d’Endorphine Elite (Saucony), il revient sur sa course « Je me suis vraiment senti bien du début à la fin avec ces chaussures légères, d’un bon maintien et qui propulsent vers l’avant Je suis parti prudemment sur le premier semi, quasiment à une allure facile, peut-être même un peu trop car j’ai pu ensuite accélérer et réaliser un négative split sur le deuxième semi. Ca me donne quelques regrets car j’aurais certainement pu faire encore mieux. Je reviendrai l’an prochain ! »

De toute évidence, coureurs de haut niveau et coureurs amateurs tirent profit de l’utili- sation de chaussures à plaque de carbone qui permettent de gagner de précieuses secondes, voire minutes, sur marathon, mais leur prix et leur durée de vie limitée peuvent freiner l’élan.

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